UN CONTE
MYTHOLOGIQUE, PHILOSOPHIQUE, POETIQUE
& EN COULEURS
SUR LES DIVERTISSEMENTS DU PANTHEON
ÇA A COMMENCE IL Y A DES GIGA-ANNEES
ÇA A COMMENCE IL Y A DES GIGA-ANNEES
ET ÇA SE PERPETUE ENCORE PRESENTEMENT
Lorsque les dieux inventèrent l’Univers, chacun donna libre cours à son imagination.
Le résultat fut sans limites, le dieu Temps ayant participé au Jeu.
Le Panthéon fut unanime : cette œuvre était une réussite véritablement harmonieuse à contempler.
Seulement, un jour qu’elles s’ennuyaient, à créer du parfait chacune de leur côté,
les déesses décidèrent d’innover toutes ensemble.
Elles réalisèrent alors des miracles de mélanges simplement magiques :
une bouffée d’étincelles, un chapelet de gouttes, une pincée de sable, un souffle d’air…
L’excitation de l’inspiration les gagna à cette nouvelle règle du Jeu ;
et la déesse de Terre donna les chaires ;
et la déesse des Eaux donna le sang ;
et la déesse du Feu donna la chaleur ;
et enfin, la déesse des Cieux donna le souffle.
Elles furent étonnées de ce qu’elles obtinrent ;
- la plus belle réussite de la Création, leur semblait-il -
d’ailleurs cet être leur ressemblait étonnamment .
Elles l’appelèrent l’Humain.
Mais le dieu du Temps, jugé trop sérieux, n’avait pas été convié au jeu.
Courroucé, il se vengea, suspendant son cours, ce qui mit un terme à toute Vie.
L’Univers devint bien morne dans sa beauté figée, sans plus aucun mouvement.
Dépitées par ce manque d’ambiance, les déesses prièrent leur père
qu’il « leur rende la Vie qui anime les choses et les êtres.
Ainsi, elles pourraient à nouveau se divertir en jouant à l’Univers. »
Le Temps, colérique mais peu rancunier, céda de bonne grâce,
d’autant plus qu’il ne sait rien refuser à ses filles.
Et puis… il était vraiment curieux de voir ce qu’il adviendrait
de cette fameuse dernière invention dont elles étaient si fières.
Les quatre déesses rendirent donc Vie aux êtres de la Création.
Mais, dans leur hâte joyeuse de voir tout renaître,
aucune ne pensa à demander au Temps le mode d’emploi de la Vie !
Aussi le résultat fut piteux : tous les êtres étaient désormais limités en durée de Vie.
Quelle horreur ! Tout mourait après n’avoir vécu qu’un peu ! Et trop tard pour réparer la bêtise !
Le Temps fit de son mieux pour consoler ses petites déesses adorées :
il permit aux vivants de se reproduire, ainsi la Vie se poursuivrait de génération en génération.
Malheureusement, une Vie c’est court pour un être.
Et c’est l’Humain, pourtant si réussi, qui vint à poser problème…
En fait, de sa naissance à sa mort,
il s’interroge à maintes propos mais n’obtient que peu de réponses, faute de temps…
Aussi, jamais ne parvient-il à la conscience universelle.
« C’est en cela qu’il diffère de ses modèles et créateurs, les dieux. » affirme l’orgueilleuse Flamme.
« C’est peut-être pour cela qu’il se croit le centre de l’Univers ? » demande la naïve Eau.
« Il n’est pourtant qu’au milieu de son tout petit monde à lui ! » se moque la Terre, narquoise.
« Cela explique cette arrogance d’enfant gâté envers le reste de notre Création … » raisonne la grande Nuée.
« Quant à pardonner l’impudence de cet inconscient !
Il se prend pour un dieu, invente, créé, sans plus se limiter !
Il consomme et excrète. Il abîme notre Univers ! »
s’exaspère le vieux Temps.
Lui, la plus nantie de leurs inventions, si ingrat envers ses bienfaiteurs !
Les dieux, écœurés de tant de mépris décident de punir l’Humain
afin de l’empêcher de dérégler l’harmonie de leur belle Invention, la Nature.
Et puis, aussi, ils veulent rester maîtres de leur Grand Jeu !
Seul le Bonheur manque encore à l’Humain pour égaler ses géniteurs.
Aussi les dieux décident-ils de cacher la source du Bonheur infini.
Ainsi, dorénavant, seuls les humains qui auront vécu assez longtemps et assez intensément,
parviendront à la sagesse nécessaire pour accéder à cette source providentielle.
Pour cela, la cachette du Bonheur doit être la meilleure possible.
Alors, la déesse Eau propose de le plonger au milieu de ses océans.
La déesse Terre pense l’enfouire dans l’épaisseur de son écorce.
La déesse Flamme certifie qu’il faut le déposer dans ses étoiles.
Et la déesse Nuée voudrait le nicher au sein de ses nuages les plus denses.
« Mais ! Quand il aura plu, où seront tes nuages ? »
« Mais ! Tu veux l’éparpiller dans tout l’Univers ! »
« Mais ! Tu va l’écraser avec tes tremblements ! »
« Mais ! Tes courants marins vont le diluer ! »
En fait, chacune voudrait le Bonheur chez elle…
Le Temps, bougon, mais pas sot, intervient :
« Mes enfants ! Si vous continuez ainsi, je vais croire
que l’Humain est plus sage que vous, malgré son peu de temps à vivre !
Faites moi confiance, je connais l’endroit le plus sûr de tous
afin d’éviter que l’Humain ne nous spolie entièrement. »
Lorsque les dieux inventèrent l’Univers, chacun donna libre cours à son imagination.
Le résultat fut sans limites, le dieu Temps ayant participé au Jeu.
Le Panthéon fut unanime : cette œuvre était une réussite véritablement harmonieuse à contempler.
Seulement, un jour qu’elles s’ennuyaient, à créer du parfait chacune de leur côté,
les déesses décidèrent d’innover toutes ensemble.
Elles réalisèrent alors des miracles de mélanges simplement magiques :
une bouffée d’étincelles, un chapelet de gouttes, une pincée de sable, un souffle d’air…
L’excitation de l’inspiration les gagna à cette nouvelle règle du Jeu ;
et la déesse de Terre donna les chaires ;
et la déesse des Eaux donna le sang ;
et la déesse du Feu donna la chaleur ;
et enfin, la déesse des Cieux donna le souffle.
Elles furent étonnées de ce qu’elles obtinrent ;
- la plus belle réussite de la Création, leur semblait-il -
d’ailleurs cet être leur ressemblait étonnamment .
Elles l’appelèrent l’Humain.
Mais le dieu du Temps, jugé trop sérieux, n’avait pas été convié au jeu.
Courroucé, il se vengea, suspendant son cours, ce qui mit un terme à toute Vie.
L’Univers devint bien morne dans sa beauté figée, sans plus aucun mouvement.
Dépitées par ce manque d’ambiance, les déesses prièrent leur père
qu’il « leur rende la Vie qui anime les choses et les êtres.
Ainsi, elles pourraient à nouveau se divertir en jouant à l’Univers. »
Le Temps, colérique mais peu rancunier, céda de bonne grâce,
d’autant plus qu’il ne sait rien refuser à ses filles.
Et puis… il était vraiment curieux de voir ce qu’il adviendrait
de cette fameuse dernière invention dont elles étaient si fières.
Les quatre déesses rendirent donc Vie aux êtres de la Création.
Mais, dans leur hâte joyeuse de voir tout renaître,
aucune ne pensa à demander au Temps le mode d’emploi de la Vie !
Aussi le résultat fut piteux : tous les êtres étaient désormais limités en durée de Vie.
Quelle horreur ! Tout mourait après n’avoir vécu qu’un peu ! Et trop tard pour réparer la bêtise !
Le Temps fit de son mieux pour consoler ses petites déesses adorées :
il permit aux vivants de se reproduire, ainsi la Vie se poursuivrait de génération en génération.
Malheureusement, une Vie c’est court pour un être.
Et c’est l’Humain, pourtant si réussi, qui vint à poser problème…
En fait, de sa naissance à sa mort,
il s’interroge à maintes propos mais n’obtient que peu de réponses, faute de temps…
Aussi, jamais ne parvient-il à la conscience universelle.
« C’est en cela qu’il diffère de ses modèles et créateurs, les dieux. » affirme l’orgueilleuse Flamme.
« C’est peut-être pour cela qu’il se croit le centre de l’Univers ? » demande la naïve Eau.
« Il n’est pourtant qu’au milieu de son tout petit monde à lui ! » se moque la Terre, narquoise.
« Cela explique cette arrogance d’enfant gâté envers le reste de notre Création … » raisonne la grande Nuée.
« Quant à pardonner l’impudence de cet inconscient !
Il se prend pour un dieu, invente, créé, sans plus se limiter !
Il consomme et excrète. Il abîme notre Univers ! »
s’exaspère le vieux Temps.
Lui, la plus nantie de leurs inventions, si ingrat envers ses bienfaiteurs !
Les dieux, écœurés de tant de mépris décident de punir l’Humain
afin de l’empêcher de dérégler l’harmonie de leur belle Invention, la Nature.
Et puis, aussi, ils veulent rester maîtres de leur Grand Jeu !
Seul le Bonheur manque encore à l’Humain pour égaler ses géniteurs.
Aussi les dieux décident-ils de cacher la source du Bonheur infini.
Ainsi, dorénavant, seuls les humains qui auront vécu assez longtemps et assez intensément,
parviendront à la sagesse nécessaire pour accéder à cette source providentielle.
Pour cela, la cachette du Bonheur doit être la meilleure possible.
Alors, la déesse Eau propose de le plonger au milieu de ses océans.
La déesse Terre pense l’enfouire dans l’épaisseur de son écorce.
La déesse Flamme certifie qu’il faut le déposer dans ses étoiles.
Et la déesse Nuée voudrait le nicher au sein de ses nuages les plus denses.
« Mais ! Quand il aura plu, où seront tes nuages ? »
« Mais ! Tu veux l’éparpiller dans tout l’Univers ! »
« Mais ! Tu va l’écraser avec tes tremblements ! »
« Mais ! Tes courants marins vont le diluer ! »
En fait, chacune voudrait le Bonheur chez elle…
Le Temps, bougon, mais pas sot, intervient :
« Mes enfants ! Si vous continuez ainsi, je vais croire
que l’Humain est plus sage que vous, malgré son peu de temps à vivre !
Faites moi confiance, je connais l’endroit le plus sûr de tous
afin d’éviter que l’Humain ne nous spolie entièrement. »
Les jeunes déesses remettent donc le Bonheur dans les mains paternelles.
Puis, rassurées, sans plus se préoccuper de l’Humain, elles s’en retournent à leur Jeu préféré.
Chacune rivalise d’exubérance, leurs œuvres sont plus splendides les unes que les autres.
L’éphémère
des perles brillantes de rosée et celui des lacs cristal d’argent au matin frais ;
l’éternité
de la symétrie minérale au creux de la géode et celle des falaises ocres des cañons arides ;
l’instantané
des voiles de tulle déchirée aux soirs du septentrion et celui des camaïeux violets des nuits tropicales ;
la récurrence
de la naissance d’un soleil pâle sur l’horizon et celui de la chaude flambée dansant au fond de l’Hiver ;
toutes témoignent
de l’omnipotente veille du Temps sur la débauche fantaisiste de son irresponsable progéniture.
Il arrive aux joueuses de faire équipe, en paires, pas plus,
pour ne plus faire d’erreur humaine.
Leur ouvrage devient alors encore plus fabuleux de diversité.
Terre & Eau inventent les cascades dégringolantes.
Flamme & Nuée composent les aurores boréales.
Terre & Flamme créent les volcans actifs.
Eau & Nuée conçoivent les geysers cracheurs.
Nuée & Terre engendrent les montagnes inaccessibles.
Eau & Flamme imaginent les récifs coralliaires.
Mais parfois, elles se chamaillent.
Certaines de ces disputes font des ravages dans leur Création.
Terre, irritée,
s’ébroue en tremblements, vomit ses avalanches, mord de ses failles, crache des bombes…
Eau, en colère,
ronge de ses fleuves, étouffe en ses brouillards, avale en raz de marées, noie de ses déluges…
Nuée, exaspérée,
tonne sa fureur, abrase de ses vents, arrache en tornades, anéantie en trous noirs…
Flamme, enragée,
dessèche les pays, gicle ses éclairs, crache ses laves, calcine des contrées, explose ses novas…
Mais Temps, oublieux, veille sur ses enfants agitées.
Il parvient toujours, au moment propice, à limiter les dommages, pour sauver la Vie.
Pendant ce temps, l’Humain se multiplie à toute allure et croît toujours plus en sa puissance.
« Grâce à toi, Temps ! », taquine la Flamme.
« En plus, il adore ça, le bougre. », s’indigne la Terre.
« Jusqu’où va-t-il aller ? » s’effare l’Eau.
« Le problème, c’est qu’à la recherche du Bonheur, il fouille partout… » s’inquiète la Nuée.
« Il me viole en propulsant ses multitudes à travers mes cieux ! » ;
« Il me viole en usant sans contrôle de mes énergies ! » ;
« Il me viole en prospectant jusqu’aux tréfonds de mes entrailles ! » ;
« Il me viole en déversant tous ses déchets dans mes océans ! » ;
se plaignent les quatre filles à leur père.
« C’est qu’il lutte contre son impuissance à trouver le Bonheur. » leur répond le Temps.
« L’Humain est vraiment malin ! Il découvre toutes les cachettes que nous avions envisagées. »
reconnaissent les déesses désappointées.
« Mais où est le Bonheur ? Que nous en profitions un peu ! » réclament-elles.
« Là où son intelligence et son activité affairées ne mènent jamais l’Humain.
De là où son dynamisme et son imagination débordante l’éloignent toujours plus. »
leur répond par ellipse leur divin Pater, goguenard.
« Il m’énerve quand Il parabolise . »
« Nous ne comprenons rien ! »
« Où a-t-il bien pu cacher ce Bonheur ? »
« S’il te plaît, Papa chéri… »
s’impatientent-elles.
« J’ai déposé le Bonheur au cœur même de chacun d’entre les humains, mes jolies. »
« Seuls les humains d’expérience, en quête de vérité, peuvent y accéder, à force de Moi.
Car ils sont rares ceux ayant la sagesse nécessaire pour trouver et jouir du Bonheur absolu. »
Depuis lors, les charmantes déesses s’amusent à observer les vains efforts
des myriades successives d’humains qui découvrent sans fin,
techniques, pays, mers, cieux, cœurs de leurs congénères,
poursuivant des chimères, sans jamais se satisfaire.
Parfois les déesses jouent à s’effrayer en dévoilant des indices à l’Humanité,
comme à l’oracle de Delphes à qui elles font dire : « Gnautis seauton. »
D’autres fois, elles ont vraiment peur car quelques humains parviennent à la Félicité par eux mêmes.
Et si nombre d’entre ces Ravis sont assez éclairés pour rester anonymes,
certains, parmi les moins sages et les plus fous, vendent pourtant la mèche,
comme Jésus, Mahomet ou Bouddha…
Heureusement pour les dieux, leurs paroles sont interprétées de travers par l’Humanité mal-entendante.
Trop laborieuse à survivre, trop occupée à croître, trop agitée à se reproduire,
elle reste incapable de contentement.